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Affichage des articles du juin, 2024

Salauds de pauvres !

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"J'aimerais que les pauvres aient tous des Rolls. Et moi, j'ai vendu la mienne. Voilà le travail socialiste." Serge Gainsbourg. "Je connais les vanités de ce monde mais je préfère pleurer dans une Rolls que dans le métro." Milady in " La vieille qui marchait dans la mer" de San Antonio. On dit : "L'argent ne fait pas le bonheur". Certes. Cependant, il y participe grandement. Les "soucis de pauvres" sont souvent trouvés "mesquins", "étroits" par les classes supérieures : "On leur parle de fin du monde et ils nous parlent de fin du mois !" Les soucis de riches, par contre, ont la classe. Et pas la classe ouvrière ! Eux, ils flirtent avec le romanesque...

La poupée qui fait non

- Anna, ma douce, dis-moi oui. - Non. - Dis-moi que tu m'aimes, même si c'est un mensonge. - Non. - Adolescent, j'étais très timide, le sais-tu ? Ma grand-mère qu'attristaient mes airs timorés, m'encourageait à "oser". "Le Non, tu l'as dans la poche, m'expliquait-elle, que risques-tu ? Le Oui !" Hein Anna ? - Non. * Le p´tit grain d´plomb qui faucha l´gros lapin Le p´tit couteau dans le cœur de Marie Le p´tit éclair sur l´épaule de Firmin Mon Dieu! Tout ça, c´est d´la mort en série! Mon Dieu! Tout ça, c´est d´la mort en série! Le p´tit crochet dans la bouche du gardon Le p´tit poison qui mordille l´sang d´Adèle Le p´tit microbe dans l´intestin d´Raymond Mon Dieu! Tout ça, c´est d´la mort naturelle! Mon Dieu! Tout ça, c´est d´la mort naturelle! Le p´tit vent creux dans les poumons d´Julot Le p´tit lacet qui serra l´cou du loir Le p´tit marteau dans la caboche du veau Mon Dieu! Tout ça, c´est d´la mort accessoire! Mon Dieu! Tout ça, c´est d

Fragments de fin d'après-midi

Je me demandais récemment ce qui m'empêchait d'aimer tel artiste, tel cinéaste, tel homme, auxquels je reconnaissais par ailleurs certaines qualités. C'est Vassili Rozanov qui m'apporta la réponse : « On ne peut aimer que l'être ou la chose pour lesquels le coeur souffre. (…) Avec Rtsy nous nous comprenions à demi-mot, par allusions ; mais il était aussi pauvre que moi, « inutile ici-bas » tout comme j'avais le sentiment de l'être. Or, c'est cette « inutilité », cette « marginalité » qui réunit terriblement et qui permet « aussitôt de tout comprendre » ; alors les hommes deviennent frères, et pas seulement en paroles. » * En lisant André Comte-Sponville, je tombe sur sa définition de l'amour de charité : « Aime-toi comme tu es, c'est à dire comme n'importe qui, et tu verras qu'il devient possible d'aimer n'importe qui comme toi-même. » Puis il cite une de ces amies psychiatre : « Les gens ne savent pas s'aimer eux-même, ils so

Carnet de route d'un gros buveur (extrait)

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A l'époque de ma splendeur, et de mon célibat, je trainais souvent la nuit dans des bars miteux. Dans la ville où j'habitais existait une boite de nuit avec un carré « gay Friendly », comme ils disaient. Le barman de ce « carré », une folle infâme, qui était aussi DJ, passait de la daube en sauce totalement inaudible, même pour mes oreilles, pourtant ouvertes à toute forme d'exotisme. Ce type ignoble, aux oreilles de lavabo, était d'une méchanceté et d'une jalousie crasse. Il ne supportait pas, en parfaite « c*nnasse » (mot local), que j'ignorasse (Ô la vilaine méprisante !) sa populasse de clientèle salasse et que je me comportasse avec dédain et supériorité dans son bougeasse mal famasse et puant la bêtise crasse, je me répète. N'ayez crainte, je me ressaisi. Une nuit d'insomnie, une de plus, j'étais encore là. Hélasse ! J'avais les écouteurs de mon baladeur MP3 sur les oreilles. J'écoutais du Tommy Guerrero alors que l'autre turpide pa

Ça ira mieux demain (tout s'arrange à la fin)

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Perspective d'avenir

Vieilles photos de ma jeunesse

"On n'a pas besoin de la lune quand on est vraiment amoureux pas besoin de vent sur la dune ni de source ni de ciel bleu Du moment qu'on aime sa brune ça suffit pour qu'on soit heureux On n'a pas besoin de la lune quand on est vraiment amoureux" Seulement, était-elle vraiment brune, ma brune ? "Y a rien à s'dire, y a qu'à s'aimer, y a plus qu'à s'taire, qu'à la fermer parce qu'au fond, les phrases, ça fait tort à l'extase... Quand j'vois tes châsses, moi ça m'suffit pour imaginer l'paradis. J'me débine, c'est étrange, avec les anges..." Mais ses châsses, étaient-ils gris ou bleu turquoise ? J'ai comme qui dirait la mémoire qui flanche, j'me souviens plus très bien. Ah l'amour ! Ce « petit vertige pour couillons », cet « infini à la portée des caniches », dont on ne peut se passer. "Suck baby suck !" Moi, l'amour, j'en suis rev'nu. Mais dans un triste état : "Il

Une histoire banale

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Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes. Louis Aragon. On fait très tôt l'apprentissage de la vie sociale. Le monde dans lequel vous échouez vous marque, c'est un lieu commun que de le dire, on naît tous quelque part, à une époque et dans un milieu donnés. C'est notre repère absolu. Je débarquais dans un monde ouvrier, petit fils d'immigrés, en province, à la fin des années 70 en France. J'avais en moi un amour de la vérité, un sens de la justice et le goût de l'absolu, mais tourmentés par de curieuses, violentes et inavouables envies. J'étais aimé, adoré devrais-je dire, quoique d'une façon particulière, par les deux femmes de la maison, ma mère et ma grand mère - j'étais l'enfant de lumière - mais regardé en coin, voire carrément méprisé par les mâles de la famille. Je n'étais pas comme eux. Très tôt, je me sentis un étranger chez moi. Je n'avais que peu de goûts en commun avec ces gens qui m'entouraient et que je méjugeais avec

Ah ! que la Vie est quotidienne...

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...

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 Hier j'ai arrêté de boire.

Humain, trop humain

- On dit « vivre » mais ne devrait-on pas plutôt dire « mourir » ? On le voit bien, grandir, puis vieillir, c'est s'avancer, cahin-caha, vers le délabrement. Le corps ne prend pas de l'âge, contrairement au bon vin ou à l'esprit quelquefois, il pourrit simplement. Il fait chemin paisiblement, lentement, vers la putréfaction. Le seul et unique horizon de nos « vies » est la décomposition : « Elles accouchent à cheval sur des tombes » écrivait Samuel Beckett. « Mort où est ta victoire ? » demandait Saint Paul. Mais partout, voyons. Dans chaque minute, dans chaque seconde. Dans chaque fleur admirée. Dans chaque corps caressé. Dans chaque femme aimée. Dans chaque soupir et dans chacune de nos larmes. « Qu'est-ce qu'une vie réussie ? » Mais enfin, la question est absurde. Toutes les vies sont « réussies ». Puisqu'elles arrivent toutes inévitablement au même port. Chipoter sur le chemin c'est voir vraiment petit. C'est voir « humain ». Trop humain. - J'

Dans le noir (blues)

- On ne vous voit plus beaucoup dans les soirées. - Oui, en effet. - Pour quelle raison ? - J'ai passé mon temps, je crois. Et puis j'habite à la campagne et je n'ai pas le permis. - Vous êtes un Poor Lonesome Pièton. - (sourire) Oui, voilà. « A long way from my maison »... - Comment occupez-vous votre temps ? - Je bois. - Ce n'est pas très bon pour la santé. - Ni pour la ligne. J'ai développé un diabète de type 2. Ma généraliste, qui est une femme charmante et positive, m'encourage du mieux qu'elle peut afin que j'arrête. J'y pense quelquefois en buvant. - Comment envisagez-vous l'avenir ? - Long. Beaucoup trop long. Ma généraliste, encore elle, m'a prédit encore quarante années sur Terre. Vous vous rendez compte ! C'est horrible. - Ah, vous trouvez ? Vous n'aimez pas la vie ? - Disons que je partirais bien volontiers maintenant. - Il va falloir être un peu patient. - (sourire) « Tout vient à point à qui sait attendre. » - Quand vous

Rendre justice

Certes, "mon prof" ne m'aimait pas, je l'insuportais, mais il serait injuste de le réduire à ça. Il nous a donné le goût de l'extrême et de la folie. Ses cours étaient des épopées, sa révolte et son anarchisme furibard étaient un délice pour toute oreille un peu fine. Il était vraiment en dehors de tout. Fulminant sa vie et surtout la notre, passive, à brouter paisiblement les heures passantes. Il nous dit un jour d'étude : - Comme je me sens plus jeune que vous... La classe ne l'entendit pas. Mais moi oui. Je le comprenais et je pensais qu'il avait raison. Je me sentais, de mon coté, déjà vieux. Je n'avais pourtant que 15 ans. Mon désespoir était déjà présent, et bien visible apparemment.  Je l'ai toujours dit, Houellebecq m'a tout piqué.

Sur le blabla et le chichi des philosophes

Celui que j'appelle « mon professeur », et qui le fut, qui fut également la rencontre la plus marquante de mon adolescence, me haïssait. Il haïssait surtout ma dégaine. Je n'ai jamais su me saper. Je m'en fichais totalement. L'as de pique, oui c'était bien moi. Un jour, alors que nous marchions ensemble, mon prof, un camarade et moi - nous étudions à ce moment-là « Madame Bovary » et nous en causions sur le chemin -, je tournais la tête vers une vitrine pour « admirer ma mise », désastreuse bien évidemment. Il le remarqua et, se tournant vers mon ami, ricana : « Emmaüs... » Bref ! Il ne pouvait pas m'encadrer. Moi, je l'admirais, je l'adorais, je le collais, je le harcelais. Il n'en pouvait plus. Aucune occasion ne lui manquait pour qu'il ne démontrât devant toute l'étude, et avec, il faut bien le dire, maestria, ma bêtise crasse. J'étais l'idiot, le con, le laid, le « charbovary », le bouc émissaire de la classe - et de tout l'un

Cabarets et mélodrames

Quand ils ne sont pas burlesques, les spectacles de transformistes peuvent être déchirants. J'ai assisté dans ma jeunesse à quelques représentations, et je me souviens d'une en particulier qui m'a donné le sens du tragique et du Beau typiquement homosexuel. Si les noirs d'Amérique ont inventé le blues pour adoucir leur peine, les homosexuels, eux, ont réinvesti avec génie le mélodrame. Les larmes de Rimel d'une diva surmaquillée, le Spleen scintillant d'un drame d'amour sans issue, toute cette vie passée dans les bordels et les dancings enfumés, malmenée par les hommes et le monde cruel, quoi de plus émouvant, de plus touchant ? « Quand vient la nuit j'ai l'coeur qui bat comme une Locotive Moins vingt, j'saute dans un taxi, j'pars à la dérive Vers ces tristes tropiques pleins de sanglots toxiques Là où tu m'attends Dans cette rue où Paris veille à la sueur des néons J'pousse la porte et j'entre dans le bar Oh, qu'est-ce que c&

Genre !

Toutes ces histoires de "genres", de "trans genres", m'inquiètent. Par leur coté radical surtout. Passer par le bistouri pour se retrouver en face de soi-même me semble un pari pour le moins bancal. Il paraitrait, en plus, qu'aujourd'hui on demande leur avis aux enfants sur ce genre de sujets chirurgicaux et hormonaux. Je n'ai jamais aimé les extrêmes. Que l'identité soit floue, inidentifiable, multiple et changeante, c'est un fait qu'il me semble bon d'enseigner, modestement, et avec des gants pour protéger la pudeur propre à ces âges-là, aux jeunes générations. Oui petit homme, tu as le droit d'aimer les poupées, c'est même plutôt rassurant quand papa bande devant les matchs de foot. Oui petite fille, tu as le droit, toi aussi, de désirer couper tes jolies boucles pour ressembler à Otaku, ton idole. Le corps est souvent un obstacle à l'identité fantasmée. Combien de rugbymen qui ne se savent intimement danseuse à l'o

Amour courtois

- Salut mec, tu es vraiment très beau. - Je suis au courant, merci. - J'imagine que tu n'aimes que les femmes. - On ne peut rien te cacher, Dugay. - C'est ce qui vous rend si désirable, je pense. - Eh bien si tu penses c'est déjà une bonne chose. - Je peux te payer un verre ? - Tu n'auras pas ma bite, gros. - Ça ne me dérange pas, c'est ton cul que je vise.

On dit "travailleuse du sexe"

Dans le quartier ou je vivais maraudait, souvent la nuit, un ivrogne. Il fredonnait des romances de quatre sous en titubant. Il aimait bien me raconter sa vie. Une nuit, il m'alpaga et me dit : - C'est rigolo de parler avec des putes sur internet. Vous devriez essayer. Elles font de leur mieux pour jouer la comédie du désir, les pauvres petites, mais on sent bien que le coeur n'y est pas. C'est d'autant plus troublant, je trouve. Elles clignent de l'oeil, montrent des parties de leur anatomie très intimes, parfois dans des positions très osées, elles vous font des réflexions salaces, pensant que c'est ce que vous désirez, mais vous, vous savez pertinemment, pendant qu'elles mâchent leur chewing-gum routinier, que derrière leur écran elles font leur liste de courses, ou pensent à leur jeunesse qui s'enfuit, qui s'égrène, éjaculation après éjaculation... Moi, j'aime bien faire durer cette torture-là. Le suspense du "Payera-ty ? Payera-ty p

Santa Madonna

Nous étudions "Don Juan" en classe de seconde. La classe, endormie, ne se sentait visiblement pas très concernée par les aventures du vieux séducteur. Sauf moi peut-être. Molière m'a toujours fait de l'effet. Notre professeur un peu lassé lança : - Quelle personnalité d'aujourd'hui verriez-vous pour incarner Don Juan ? Une mouche vola. Un ange passa. Une boutonneuse aux cheveux rouge et gras toussa. Quand un cancre du fond de la classe se réveilla : - Et vous ? dit-il. Le vieux prof réfléchit un instant et répondit : - Moi, je verrais plutôt une femme... Madonna !

Caractériel et psychopathe

Caractériel et psychopathe Ecorché vif Paranoïaque, sado-maso Agoraphobe et claustro J'me sens d'attaque Pour affronter les r'tombées De la crise De nerf Et d'angoisse d'la société dépressive Qu'envoie les cas les plus désespérés se j'ter du haut du plongeoir Jacques Higelin.

La Grande Bellezza

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Parfois, en certains jours de lumière parfaite et exacte, où les choses ont toute la réalité dont elles portent le pouvoir, je me demande à moi-même tout doucement pourquoi j’ai moi aussi la faiblesse d’attribuer aux choses de la beauté. De la beauté, une fleur par hasard en aurait-elle ? Un fruit, aurait-il par hasard de la beauté ? Non : ils ont couleur et forme et existence tout simplement. La beauté est le nom de quelque chose qui n’existe pas et que je donne aux choses en échange du plaisir qu’elles me donnent. Cela ne signifie rien. Pourquoi dis-je donc des choses : elles sont belles ? Oui, même moi, qui ne vis que de vivre, invisibles, viennent me rejoindre les mensonges des hommes devant les choses, devant les choses qui se contentent d’exister. Qu’il est difficile d’être soi et de ne voir que le visible ! Fernando Pessoa.

Le spectre de Flaubert (texte de jeunesse)

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“La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles.” Gustave Flaubert. J'ai connu Flaubert au Lycée. Mon professeur de littérature, qui deviendra plus tard mon professeur de philosophie, l'admirait beaucoup. Il était lui-même admirable. Et il m'impressionnait beaucoup. Il a été très important dans ma vie. On peut même dire qu'il la changea de façon radicale. Quand je le croisais dans la rue, les yeux baissés sur mes chaussures, il m'adressait un "Salut Kafka !" qui me faisait sursauter. Ce à quoi je répondais presqu'à voix basse un timide "Salut Flaubert..." Notre relation fut mouvementée. J'en garde un souvenir mitigé. Quoiqu'il en soit, les auteurs connus à cette époque me firent une très forte impression et resteront à jamais mes "familiers". Vers vingt ans, j'écrivis le texte qui suit : Flaubert, "chef de file" du réali

Journal d'un pas grand chose (extrait)

Mardi 4 Septembre 2005. Je crois que je suis dépressif. Il y a maintenant dix ans que je suis tombé. Ma vie, il est vrai, n'a été qu'une suite de crises, mais cette chute-là, fruit sombre et amer arrivé à maturation de mes lectures mais surtout de ma vie, qui en était une illustration éclatante, je ne m'en suis pas relevé. Je commence à penser, le temps passant, que ça n'arrivera jamais. Les fiers-à-bras aiment à se relever « huit fois » il parait, sans doute pour pisser vu leur grand âge, mais moi non. Même pas une. Je suis tombé pour de bon dans le grand tonneau du désespoir. Le vrai. Pas celui qui se guérit à coup d'antidépresseurs et de pensées positives. Quelquefois on touche le fond et puis on y reste, il faut croire. C'est étrange de vivre dans un perpétuel "No Future". Une absence d'avenir qui dure... Le monde est alors touché d'irréalité et les gens croisés font figures d'ombres. Vous croisez des visages, vous traversez des lieux m