Carnet de route d'un gros buveur (extrait)


A l'époque de ma splendeur, et de mon célibat, je trainais souvent la nuit dans des bars miteux. Dans la ville où j'habitais existait une boite de nuit avec un carré « gay Friendly », comme ils disaient. Le barman de ce « carré », une folle infâme, qui était aussi DJ, passait de la daube en sauce totalement inaudible, même pour mes oreilles, pourtant ouvertes à toute forme d'exotisme.
Ce type ignoble, aux oreilles de lavabo, était d'une méchanceté et d'une jalousie crasse. Il ne supportait pas, en parfaite « c*nnasse » (mot local), que j'ignorasse (Ô la vilaine méprisante !) sa populasse de clientèle salasse et que je me comportasse avec dédain et supériorité dans son bougeasse mal famasse et puant la bêtise crasse, je me répète.
N'ayez crainte, je me ressaisi.
Une nuit d'insomnie, une de plus, j'étais encore là. Hélasse ! J'avais les écouteurs de mon baladeur MP3 sur les oreilles. J'écoutais du Tommy Guerrero alors que l'autre turpide passait sa soupe à plein volume, juste pour m'emmerder.
Quand au milieu de la vieille faune zombiesque habituelle, surgit un jeune gars. Beau, musclé, bien fringué. Sûrement un enterrement de vie de garçon ou un truc étudiant trop arrosé. Tous les regards vides des morts-vivants en instance d'embaumement se tournèrent vers cette source de lumière et de vie.
Le jeune homme à peu près saoul ne se rendait visiblement pas tout à fait compte dans quelle crypte insane il avait par accident échoué.
Le barman, qui se voulait beau gosse, avec sa coupe mulet et ses lèvres rose bizarre, « tenta une tentative ». Mais le jeune gars m'avait déjà aperçu, dans mon coin, solitaire, tout à fait à part avec mes écouteurs. Je lui fit signe de me rejoindre. Ce qu'il fit. Je lui payais un verre, puis deux, sous les regards bestiaux de la ménagerie jalouse. Puis, nous nous éclipsâmes dans un coin du bouge pour nous bécoter. La vieille p*te du bar, totalement hors d'elle, fit hurler « la bonne du curé » de cette pauvre Annie Cordy, dans les enceintes de son bar déjà aux quatre vents de la bouse. S'en fut trop pour moi. Le jeune mec totalement grisé par mes baisers n'entendit même pas cette perfidie de rombière sur le retour, n'étant évidemment pas habitué à cet univers de morues déclinantes, et je l'entrainais bien vite dans ma chambre de bonne.
Il me chevaucha dans la nuit tel une amazone cowboy d'un style certain et assuré.
Le lendemain ce fut le jour.
Il se réveillait d'une nuit digne d'une épopée herculéenne. Les 12 travaux.
Nos bouches étaient pâteuses et je vis dans son regard que j'avais un peu perdu de ma superbe.
La nuit était finie.
L'amour aussi.
Il fut courtois mais s'éclipsa bien vite.
Il était jeune, il était beau. Il sentait bon le Malibu Coco, mon étudiant...

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