Articles

Affichage des articles du mai, 2024

A 2h du matin

J'ai toujours trouvé Scarlett Johansson fade. Je me doutais bien que cette petite dame, qu'ils essayaient de faire passer pour une « new Marylin », notamment à l'époque Woody Allen, n'était pas bête et était même plutôt douée. Mais bof, chez moi ça ne prenait pas. Mais je ne parle que le français donc je ne l'ai jamais vraiment « entendue » jouer, me contentant du doublage français. Peut-on prétendre connaître quelqu'un si l'on n'entend jamais sa voix ? Je veux dire : « incarnée dans un discours compréhensible ». « Connaissez-vous l'ennui de n'avoir qu'un seul pays ? » questionnait Nilda Fernandez. Oui, je connais ce sentiment d'être séparé par la langue de toute une partie de l'humanité. Léonard Cohen, Amy Winehouse, Meryl Streep ne me toucheront jamais autant qu'un poète, une chanteuse ou une actrice français(e) car je ne les comprendrai jamais « vraiment ». Je veux dire avec le plus important : « l'oreille » - donc le cœur.

Pour qu'il n'y ait plus de romantisme en moi

Qu'aime t-on chez une personne ? Selon Nicolas Grimaldi c'est, plus que tel ou tel de ses avantages, « la tonalité et l'intensité d'une attente ». C'est, dit-il, « que nous sommes bien moins émus par ce que nous percevons que par ce que nous imaginons et qu'une personne est bien moins aimée pour les qualités que nous y admirons que par la secrète attente que nous percevons en elle. Ce que j'aime en elle, conclut-il, c'est donc moins sa beauté que sa blessure. »

Nevermore

Image
« Qui va se souvenir d'elle sinon moi... le seul, le dernier (…) Les êtres s'effacent on a beau conserver leurs os dans des caisses d'ébène, graver leur nom dans la pierre, ça ne dure que la vie des suivants... le souvenir se garde au coeur dans un petit coin... le visage, l'image ne durera que ce que va durer votre existence... un passage, une passade de je ne sais quel dieu féroce. » Alphonse Boudard. Je ne connais rien de plus mélancolique que de parcourir les photos de la vie de parents récemment décédés. Leur existence vous apparaît alors comme la plus aléatoire, la plus contingente des vies. Qui se souviendra de ma grand-mère après moi ? Et de lui, « du vieux », comme elle disait en baissant la voix pour ne pas qu'il l'entende ? Ces photos devant mes yeux de leur jeunesse évanouie, morte à jamais, ces visages, pour la plupart inconnus, toute cette insouciance... Absurdité de toute vie. Tristesse profonde face à l'infinie fragilité des existences humai

L'hiver

Image
La grande tentation c'est le mensonge. Moins par volonté de tromper autrui que par peur de s'avouer à soi la vérité. S'il y a une vérité. Les félonies sont rares ; le mensonge le plus fréquent, c'est le bavardage. On ment par horreur du vide... Mais bavardage est lâcheté : peur du silence, peur de la vérité... C'est parole apeurée. Et nous sommes tous bavard en public, par cette peur. C'est pourquoi la solitude est une chance : pour une fois au moins aller au bout de son silence. Cette solitude est avant tout intérieure ; nous sommes solitude dit Rilke, au coeur du couple ou de la foule. Mais cette solitude est difficile, et l'on n'y atteint pas d'un coup. Il est plus simple d'abord de s'isoler, au sens matériel du terme : l'isolement n'est pas la solitude, mais peut y mener. Pédagogie du désert : faire le vide autour de soi, pour le trouver en soi. N'entendre plus personne, ne plus rien dire : écouter son silence... Il faut se ta

Scène de la vie conjugale

- Tu sais ce qu'ils ont dit à la radio ? - Ne me dis pas que tu écoutes encore cette radio de cons. - Non mais c'est Laurent. Il a dit... - Laurent est un con. - Il était pourtant soutenu par Gilbert. - Gilbert est un con. - Et que penses-tu de Marina ? - Marina c'est différent, elle a un gros cul. - Je ne vois pas le rapport. - C'est un rapport à la con. - Tout le monde est con quoi ! - Ouep ! - Sauf toi évidemment. - Je me demande des fois... - Et moi, alors, je suis si con que ça ? - Non, toi je t'aime. Mais tu devrais arrêter d'écouter tous ces cons.

Nouvelles du front

Un vieux rocker de vieux matou errant, tout pelé, complètement dégueulasse et farci de croutes innommables a envahi depuis quinze jours le territoire de notre chat, tout beau, tout neuf et qui sent bon la Coucoone. Sous ces airs de petite princesse délicate notre chat est une véritable furie et la terreur du quartier. ça y va donc tous les matins – c'est un chat d'intérieur qui sort le matin – de la bastonnade furibarde. Notre beauté a toujours le dessus sauf que l'autre zonard de sac à puce lui en a refilé, des puces, lors de leurs affrontements épiques. Et nous voilà, Françoise et moi, truffés de boutons et de démangeaisons. J'ai les insectes en horreur. Depuis toujours. Tous ! A l'exception peut-être des papillons et des coccinelles. Va falloir aller payer la piscine et la nouvelle Merco du véto pour un collier sans diamant et franchement en ce moment je vous avoue que je me sens des désirs terroristes.

Monde extérieur

ll y a quelque chose de mort au fond de moi, Une vague nécrose une absence de joie Je transporte avec moi une parcelle d’hiver, Au milieu de Paris je vis comme au désert. Dans la journée je sors acheter de la bière, Dans le supermarché il y a quelques vieillards J’évite facilement leur absence de regard Et je n’ai guère envie de parler aux caissières. Je n’en veux pas à ceux qui m’ont trouvé morbide, J’ai toujours eu le don de casser les ambiances Je n’ai à partager que de vagues souffrances Des regrets, des échecs, une expérience du vide. Rien n’interrompt jamais le rêve solitaire Qui me tient lieu de vie et de destin probable, D’après les médecins je suis le seul coupable. C’est vrai j’ai un peu honte, et je devrais me taire ; J’observe tristement l’écoulement des heures ; Les saisons se succèdent dans le monde extérieur. Michel Houellebecq.

On ne meurt pas de chagrin ?

Image
"Il est noble d'arriver en retard à tout, et sans se presser." Au Marquis de l'Orée. J'ai enfin lu « Rétrécissement », en quelques heures, une après-midi. Frédéric Schiffter a cette politesse de ne pas trop s'attarder : son roman est assez long pour suffisamment dire, et assez mince pour ne pas lasser. Ce n'est pas un livre que l'on quitte en baillant pour le reprendre le lendemain, ou dont on s'absente pour lire ses mails. C'est un livre que l'on pose quelquefois pour faire trois pas songeurs dans le jardin, pour fumer une cigarette, et pour y revenir. J'avais lu quelques critiques qui en parlaient. Certains confiaient avoir ri, un autre disait ce roman « frais comme une coupe de champagne »... Ils n'avaient lu que le début, non ? Car c'est vrai que le début de ce roman est amusant. On rentre tranquillement dans l'intrigue. On en sort par contre, du moins j'en suis sorti, de ce livre, un peu hébété, gagné par une sorte

Poursuite du vent

Image
La Société, ce qu’on appelle le Monde, n’est que la lutte de mille petits intérêts opposés, une lutte éternelle de toutes les vanités qui se croisent, se choquent, tour à tour blessées, humiliées l’une par l’autre, qui expient le lendemain, dans le dégoût d’une défaite, le triomphe de la veille. Vivre solitaire, ne point être froissé dans ce choc misérable, où l’on attire un instant les yeux pour être écrasé l’instant d’après, c’est ce qu’on appelle n’être rien, n’avoir pas d’existence. Pauvre humanité !  (Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort)

Barfly

Image
(...) L'homme idéal pour moi c'était Barfly. Je l'ai attendu, et souvent cherché. "De soir en soir, de bar en bar"... J'ai cru à un moment l'avoir trouvé ! Mais non. Alors je suis devenu mon propre "homme idéal". Un type hybride : mi-Bukowski, mi-Lebowski. Moi, le jeune homme sensible et Kafkaïen qui ne jurais que par Barbara, je me vis plongé dans la déglingue la plus infâme. On commença, tiens donc, à me "respecter". A me "parler avec des fleurs"... Les gens sont vraiment bizarre. Dés lors, j'ai rencontré de petits bonhommes sexys portés "esthétiquement" sur la déchéance mais un brin trop distants avec les clochards. Fallait quand même pas pousser. La "racaille", la "mauvaise herbe", la "graine de gibet et de potence", ils sont tous passés chez moi. Et puis, en désespoir de cause, et en désespoir tout court, j'ai épousé Françoise Hardy. La seule à être encore et toujours là à m

J'veux sortir avec un Uber

Cette nuit j'ai commandé de la vodka sur Uber Drunk-No-Future. On a toujours besoin d'une petite vodka chez soi. Surtout à « pas d'heure du matin » quand tout le monde cauchemarde. Le livreur était plus que charmant : divin. Un petit être filiforme, à peine majeur, au duvet recourbé sur de belles lèvres charnues, en jogging et claquettes-chaussettes cela va de soi, le visage orné de belles boucles noires, quasi Baudelairiennes. Mais il refusa mon invitation au voyage. Il me dit d'aller « tremper ma bite dans la vodka ».

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage

A vingt ans, je connaissais déjà ma vocation : en finir. Mais j'avais encore cette énergie de la jeunesse. Je décidais un jour de « partir pour Paris ». Je ne connaissais pas la ville lumière, alors, comme ça, n'ayant rien d'autre à foutre (l'ANPE pouvait bien aller se faire voir) je m'organisais une petite semaine. Plus tôt, pour 300 francs, je m'étais fait enregistrer une cassette audio déplorable par un guitariste de restaurant, trouvé dans un journal local, qui me prenait pour une dinde, et où je chantais d'une façon catastrophique du Allain Leprest. L'enregistrement, vraiment, était inaudible, pourtant, une jeune amie de l'époque, une rougeaude au visage de pomme, à qui je l'avais orgueilleusement fait écouter me dit : « On dirait du Léo Ferré ». Curieusement, la basse lourde qui m'accompagnait - qui sentait la digestion et la flatulence - que le bonhomme au cheveux gras m'avait imposé et que je détestais alors sans oser moufter, me

Du corps

Ma mère, quand je l'interroge, avoue sans gêne aucune - c'est Sarkozy je crois qui a inauguré cette décomplexion de tous les états d'âmes - que si c'était à refaire je ne serais jamais né. Je trouve ça sympa ma foi. Car très franchement, je m'en serais bien passé moi-même. Je crois avoir hérité de toutes les névroses familiale. Autant « coté père » que « coté mère ». Un vrai bonheur. Heureusement, il n'y aura plus personne après moi. Je ne suis pas à ce point sadique que je veuille "transmettre" à tout prix toutes ces tares à un pauvre être sans défense, sans lui demander son avis avant. J'ai toujours eu un problème avec la nudité. Chez nous, le corps, le désir, plus largement la sexualité, n'était pas assez reluisante pour qu'on l'exposa en modèle. On essayait plutôt de l'occulter. L'amour, le rire et la joie simple de vivre, de forniquer aussi, n'étaient pas au menu. C'était la vieille France. Celle qui sentait bon le

Wouaf !

Image
Je suis d'une fidélité à toute épreuve. J'ai l'amitié tenace, solide, psychopathe ! J'ai du mal à oublier, à faire le deuil, je n'aime pas voir mourir l'amour. Quand un ami s'en va, je l'attends, immobile, des nuits durant, dans des lieux de rendez-vous imaginaires. Je ne suis pas du tout quelqu'un de « libre », de « détaché », un « libertin », tout ça. Je suis, au contraire, un « attaché » maladif. Faire durer « l'instant magique d'une rencontre », « retenir la nuit », aura été le but de ma vie. Je n'y suis jamais parvenu bien sûr, mais je ne désespère pas. Faut-il être bête et borné ? Bien sûr, quand l'Autre devient trop indifférent, trop absent, voire antipathique, je me résigne. Mais je mets longtemps. Très longtemps. Très très longtemps. J'aurais fait un excellent chien...

In Bed With Maximoff

 Work in progress

Simply the best

Extrait de l'entretien donné au magazine "Best Créatif". (...) BC : N'avez-vous jamais songé à réaliser votre propre court-métrage, comme vous l'a suggéré Blaise L. ? MM : Réaliser, non. Je n'ai pas du tout les moyens de faire un truc pareil. Le sujet qui aurait pu m'intéresser à la rigueur c'est de sublimer à travers la caméra quelque-uns des hommes qui m'ont fait fantasmer. Le problème majeur d'une telle entreprise c'est qu'ils n'auraient absolument pas été d'accord, qu'en plus je leur aurais demandé des trucs surement un peu trop érotique, explicite ou osé à leur goût, et puis je n'aurais surtout pas su comment m'y prendre ! Je suis trop exigeant (et pas assez doué), timoré et paresseux pour entreprendre une pareille affaire ! BC : C'est dommage. MM : Non, le collage vidéo ça me convient bien. "Collage", un peu comme font certains avec des journaux, des livres découpés, des images pré-existantes, mai