Simply the best

Extrait de l'entretien donné au magazine "Best Créatif".

(...)

BC : N'avez-vous jamais songé à réaliser votre propre court-métrage, comme vous l'a suggéré Blaise L. ?

MM : Réaliser, non. Je n'ai pas du tout les moyens de faire un truc pareil. Le sujet qui aurait pu m'intéresser à la rigueur c'est de sublimer à travers la caméra quelque-uns des hommes qui m'ont fait fantasmer. Le problème majeur d'une telle entreprise c'est qu'ils n'auraient absolument pas été d'accord, qu'en plus je leur aurais demandé des trucs surement un peu trop érotique, explicite ou osé à leur goût, et puis je n'aurais surtout pas su comment m'y prendre ! Je suis trop exigeant (et pas assez doué), timoré et paresseux pour entreprendre une pareille affaire !

BC : C'est dommage.

MM : Non, le collage vidéo ça me convient bien. "Collage", un peu comme font certains avec des journaux, des livres découpés, des images pré-existantes, mais ici avec des éléments audio et video. Essayer, à partir de bouts épars de films, de musiques, de composer, par montage, des vidéos, qui, prises toutes ensembles, constituent à la fin une sorte de journal foutraque et tout à fait personnel. Qui n'intéresse d'ailleurs que moi, et deux ou trois doux dingues qui n'ont décidément rien de plus sérieux à faire.

BC : Oui, je vois la référence. Quand vous est venue l'envie d'un tel travail créatif ?

MM : Un YouTubeur hyper doué m'avait donné l'idée voilà bien des années de m'adonner à ce passe-temps. Il composait des vidéos-madeleines à partir de séries B des années 70, sur des musiques kitch. Cela donnait de véritables merveilles de nostalgie. Il maitrisait absolument l'art de la citation. Inutile de se farcir un nanar absolument inregardable, le nectar en avait été prélevé par lui pour en faire un bijou de quelques minutes. Je les collectionnais à un moment mais j'ai tout perdu lorsque mon disque dur externe m'a lâché... Depuis, j'ai vu que beaucoup sur internet pratiquent cet exercice-là. Des américains en général. Ma seule particularité peut-être c'est de n'avoir aucunes règles précises* d'où l'aspect parfois "étrange" de mes compositions.

* sauf celles imposées par l'hébergeur, YouTube - Et dieu sait s'il y en a !

BC : Vous appelez votre activité "passe-temps".

MM : Oui. J'ai toujours eu la manie de l'expression. Depuis l'enfance. C'est bizarre car cela coïncide mal avec mon idéal, au fond totalement inaccessible, de ne laisser aucunes traces. M'enfin les miennes ne seront pas vraiment "majeures" ni "essentielles". Ouf ! Un coup de lave-vitre et me voilà disparu. J'échappe à l'éternelle damnation.

BC : N'avez-vous pas cédé, par le passé, à la tentation de l'écriture ?

MM : Ecrire, c'est trop intime, je n'aime pas ça. Et puis aujourd'hui, je n'ai guère plus envie d'écrire qu'à mon ami Blaise. Alors, entre deux sourires complices, je m'affaire à mes p'tits Zinzins. Je colle une image par-ci, un visage par-là, quelques notes de piano par dessus, je parsème le tout de citations chipées de-ci de-là, pour rendre un truc qui tient le plus souvent avec du scotch et quelques allumettes. Parfois, je ne fais que partager, avec l'accord des ayants droits, des chansons d'artistes qui me plaisent. Je laisse ensuite défiler sur mon écran pendant mes longues nuits d'insomnies... ça me tient compagnie.

BC : C'est bien.

MM : Et dire que certains pendant ce temps-là rêvent de 2027 en se rasant... Je manque décidément d'envergure.