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Affichage des articles du septembre, 2024

Nu sur les galets

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C'était l'été et je venais d'avoir seize ans. Eh oui, je m'endormais, cette nuit-là, contre le corps chaud et palpitant de mon premier amant. Il devait avoir... vingt-et-un ans ? Il était très mince, presque maigre, sa peau était très blanche - je voyais ses belles veines bleues défiler le long de ses bras et sur son torse sans poils. Ses cheveux étaient noirs, très noirs, longs et lisses, ses oreilles, un peu en pointe. Il fut très tendre, je m'en souviens. Très à l'écoute de mes désirs. Des plus timides jusqu'aux moins audacieux. Sa voix était douce et son regard calme et fraternel. Nous étions allongés, corps nu contre corps nu. La lune, par la fenêtre, était notre seule ampoule. Il avait tout de même allumé la radio : J'ai toujours eu peur du sommeil, du silence et de la nuit. Une chanson passa à un moment où je savourais mon bonheur d'être là, à cet instant précis et dans ces beaux bras-là. C'était une chanson de Francis Cabrel, "Je t&#

Citations

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"Les choses arrivent à qui est disponible pour les vivre, les entendre et les voir. C'est formidable d'être à la disposition de son destin, sinon que se passe-t-il ? Rien." disait, à priori, je viens de le lire sur Facebook, Jacques Higelin. Citation qui était étrangement suivie, mystère des algorithmes, de cette phrase de Michel Houellebecq : "Tout peut arriver dans une vie. Surtout rien."

Musset, Verlaine (suivi d'"Art poétique")

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Deux collages audio de Maxime Maximoff, sur des poèmes de Paul Verlaine et d'Alfred de Musset, lus par Alain Carré. Musiques ajoutées par Maxime Maximoff. Alfred de Musset Paul Verlaine *** Lien : Art poétique. Collage de Maxime Maximoff sur deux poèmes de Rainer Maria Rilke, lus par Laurent Terzieff. Musique ajoutée par Maxime Maximoff.

Une fleur de l'ennui

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« S'ennuyer c'est chiquer du temps. » Cioran. Quand je m'ennuie, je regarde les politiques à la télévision. J'ai beau faire preuve de la meilleure volonté du monde, je n'arrive pas à comprendre ce qui peut motiver mes contemporains. Ces hommes sont pour moi une énigme. Quelle énergie dépensée... Il y a, chez la plupart, une sorte de passion, un aveuglement, une sottise pour tout dire, assez extraordinaire. Il semblerait que rien ne puisse ébranler leurs médiocres convictions, aucun doute ne semble avoir droit de cité dans leurs petits occiputs. Tout est clair, net et précis : circulez, il n'y a pas à douter ! C'est dingue. Mais c'est eux qui ont raison. A trop peser le pour et le contre, on n'agit plus. Le non-agir a mauvaise presse de nos jours. Agir implique de faire des choix. Des choix responsables, engagés et virils. C'est ce qui terrifie les tièdes, les indécis, les sceptiques : On ne peut pas tout réaliser. Faire un choix cela implique la

Sans issue

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- Tu as donc opté pour une petite vie médiocre, "bourgeoise", au ras du sol. Te voilà bouffi et bien confortablement installé dans tes pantoufles, malheureux comme jamais. - Parce que tu crois que ma vie d'avant, tumultueuse et anarchique, échappait à la médiocrité, toi ? Et peut-être étais-je plus heureux en ces temps-là ? - Au moins ce désordre te ressemblait. - Et toi ? Quelle est ta vie ? As-tu tout réussi comme dans tes plans ? Es-tu "heureux" et bien satisfait de la vie que tu mènes ? Allons, ne me raconte pas d'histoires. Tu es peut-être plus à plaindre que moi. Je vis avec un homme d'une délicatesse et d'une bienveillance peu communes. Alors certes, ce n'est pas le bad boy destructeur de mes fantasmes masochistes mais c'est le seul et unique ami que j'ai eu dans ma vie. - Tu l'aimes alors. - Je crois, oui. A ma façon. - Tu passes ton temps à pleurer sur ta vie perdue, gâchée. Tu bois toutes les nuits en espérant en crever bien

Tu t'laisses aller

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Il n'est pas venu... - Tu te laisses un peu aller, Brigitte. - Comme dans la chanson, tu veux dire ? Merci, t'es sympa. Mais tu sais, "être belle", pour qui, pour quoi ? Pour attirer les prédateurs sexuels et les coups d'un soir ? Aucun homme ne m'a jamais aimé. Ou alors deux-trois types que je n'aurais pas pu aimer en retour. Il n'est plus temps pour moi de vivre ce que je n'ai pas connu quand c'était encore la saison. Je me suis résignée à mon célibat, tu vois ? - Oui. - Allez, ce n'est pas si grave, je t'en ressers une.

Playlists Mélancoliques

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Dancing with the sadness

Septembre, quel joli temps

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- Bon. Eh bien, j'y vais. - Je ferme derrière toi. - Tu ne vas manquer de rien, tu vas te débrouiller tout seul ? - Mais oui, je sais me faire cuire un oeuf. - Tu n'as pas l'air en forme depuis quelques jours. Le Marquis a été méchant ? - Non, non, la routine... Je me pose des questions "existentielles". - Toujours les mêmes j'imagine. - Oui, je me demande si je ne serais pas un gros con ou un gros beauf, tu vois ? - On en a déjà parlé. - Tu te souviens de ce que disait Laurette à ce sujet. - Oui, je me souviens. - Elle disait : Si, dans une journée, tu croises un con, c'est un con. Si tu ne croises que des cons, c'est toi le con. - Elle avait lu ça sur Facebook ? - Tu rigoles mais c'est ce que je lui ai dit quand elle me l'a écrit. - Je sais. Il n'y a pas si longtemps tu te demandais aussi si tu n'étais pas déficient intellectuel. - C'est un doute que j'ai, oui. - Bon, alors tu fais attention, et tu t'occupes de la litière

Pensées imbibées

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Quand il m'arrive de traîner mon spleen devant « Tous heureux au camping » sur TF8 ou bien « Ma folle vie de Camping-cariste » sur +C-CON, je n'arrive pas à me projeter, dans ces fictions, d'une façon « adaptée » et convenable. Vu mon âge, s'il m'arrivait de partir en « vacances » avec ces têtes de cons, il me faudrait boire l'apéritif et vivre ma vie de crétin avec ces darons rougeauds et bedonnants, fans de Johnny et de coups de soleils crémeux sur la tronche. Sauf que moi, je me sens plus intéressé par la petite vie discrète et rigolarde de leurs jeunes ados - dix-sept ans, le bel âge - , en arrière plan du reportage et pas encore tout à fait contaminés par l'énorme connerie parentale. Certes, ces fils de beaufs joviaux, aux cuisses glabres et au teint halé, finiront par retrouver leurs parents dans l'affligeante uniformité de leur classe mais je me dis, bizarrement agacé, que, si je n'ai plus l'âge de jouer aux billes avec le duvet tendre de

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Un dernier verre avec Jonathan

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- Eh bien voilà, nous y sommes. - Il semblerait, oui. - Vous n'aurez aucun regrets, vraiment ? - Allons Jonathan, vous n'êtes même pas là. - L'échec semble total, en effet. - J'ai raté ma réussite, c'est une affaire entendue. - Qu'allez-vous devenir ? - Ce que je n'ai jamais cessé d'être : rien. - Ne surjouez-vous pas un peu votre personnage de loser mal aimé ? N'est-ce pas plutôt votre coté "Diva" qui s'exprime là, comme aurait souri votre chère amie Laurette ? - Une Diva devant une salle vide, il n'y a pas plus pathétique. Vous êtes cruel, Jon. - Alors... Adieu ? - Adieu. - C'est les "adieux d'une diva" ? - Si vous voulez. - Alors, à demain, Max.

Pensées vagabondes (2)

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« Ecrire n'est qu'un pis-aller, une faiblesse, une lâcheté. Le véritable refus doit s'exprimer par l'abstention et le silence. » « Passer ma vie entière dans une cellule, sans piper mot, ni accomplir un geste. Le silence et l'abstention sont les seules formes de révolte qui ne trahissent pas ce qui la suscite. » Charles Juliet. Cet ermite, cet homme tourmenté qui écrit son journal, lui arrive-t-il de se masturber au long de ces longues journées d'accablement ? Il ne le dit pas. « Nous sommes tous les gardiens de quelques secrets sur nous-même dont nous ne sommes pas fier, dont nous ne nous vantons pas », me dit-il, l'air accablé. « Encore heureux ! » explosais-je. La joie insolente des maîtres de ce monde me renvoie souvent à ma triste condition. Et me fait les haïr d'aimer moins ce qui m'entoure à cause d'eux. « Quel enfer... », soupira-t-elle. « Il n'y a d'enfer que pour les fous ou les sots, Suzanne. L'homme sain vit dans le trivia