Connecté

"- J'ai tout raté avec application... Je suis arrivé trop tard à tout... Me voilà revenu de tout sans être allé quelque part.
- C'est du génie !"
Gabriela Manzoni.

"J'arrivais donc à cinquante ans, crevé, fini, abandonné par la chance et par le talent."
Charles Bukowski.

- Mais tu fais quoi toutes les nuits planté devant ton ordi ?
- Je me balade sur des tchats. C'est ma façon à moi de rester "connecté". J'ai toujours erré dans les bas-fonds, et causé avec des ombres. C'est là mon expérience de l'humanité. Si tu voyais leurs gueules, leurs histoires de cul, leurs chattes, leurs bites, toute cette soupe de vieux désirs rances, toute cette solitude... Claudine, de la Gaudeloupe, elle cherchait un homme "bien sous tout rapport" pour une "relation sérieuse", mais elle montrait quand même bien vite ses vieux nibards tombant sur ses chaussures.
- Tu ne veux pas vivre normalement, Max ?
- Il n'y a rien de plus normal que l'humanité en déroute. Cioran, je crois, écrivait quelque part un truc de ce genre : "On ne peut rien savoir de profond sur l'humanité si l'on n'a pas trainé dans une boite de nuit à cinq heures du matin." Remplace "boite" par "tchat" et tu y es. Mais ne va pas croire que je m'extrais du lot, en mode "Anthropologue chez les papous". Je suis tout aussi pauvre et misérable que ces immondes bougres et ne vaux guère mieux qu'eux. Le temps passant, cependant, il n'y a presque plus que des brouteurs et divers prédateurs, sous de fausses identités, plus ou moins identifiables. Cela devient ennuyeux... Alors je bois et j'écoute des chansons tristes en attendant le jour. Un peu comme Bukowski qui écrivait : "Je sais, chacun porte sa croix ici-bas mais j'avais trois longueurs d'avance sur tout le monde. Résultat : j'attendais la mort en picolant de plus belle."
- C'est gai...
- Je suis ravagé par le chagrin. L'inconsolable, oui, c'est bien moi. Je ne me "vautre" pourtant pas dans le "mal-être", comme me l'écrivait élégamment Mathieu Rosaz, mais c'est bien plutôt lui qui ne veut plus me lâcher. Rien n'arrive plus à m'égayer vraiment. Je vois le malheur partout.
- Tu bois trop.
- Si j'arrêtais qu'y aurait-il de changé ? Répond franchement.
- Je ne sais pas te répondre. Je crois que tu m'as contaminé. Moi non plus je ne crois plus trop en rien aujourd'hui.
- Il n'y a pas de Youkali, mon amour.
- Ni d'amour heureux, si j'ai bien su te comprendre...

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Karl, le sniper

Ivre d'images

Pour tout bagage on a vingt ans

Rien, nada, niente !

Soirs

Osamu

Petit mot pour les écologistes

Edouard Rod