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Affichage des articles du octobre, 2024

Sade

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J'avais quatorze ans quand mes parents divorcèrent. Mon père, après avoir raflé mon héritage - argent qui lui servirait, plus tard, à ouvrir un bar PMU dans une petite ville. Affaire qui sombrera bien vite suite à une gestion désastreuse -, se remaqua, et assez rapidement le bougre, avec une femme, beaucoup plus jeune que lui, presqu'une grande soeur pour moi, qui était le portrait craché de la chanteuse Sade. C'est elle qui me la fit découvrir alors - elle était très fière de cette ressemblance. Elle était serveuse dans un bar de quartier où le vieux avait ses habitudes. Je n'ai jamais très bien compris à quoi cela tenait, tellement il était con, mais mon père, dans ses jeunes années, avait beaucoup de succès auprès des femmes. Et pas que des laides ! J'étais amoureux de cette fille, si mince, si belle, si sensuelle, et je jalousais le vieux salopard qui, je le savais moi, ne valait rien. Elle s'appelait Chafika mais on disait Chaffy. Elle devint ma confidente.

Ecrire, dit-il

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« Qui écrit comme il parle, parle peut-être bien mais écrit mal. » Lorsque quelqu'un – fut-il animé des meilleures intentions - vous demande si vous écrivez, si vous n'avez pas un penchant pour la mégalomanie et que vous faites preuve d'un narcissisme raisonnable, la réponse normale devrait être : « Qu'est-ce que cela peut vous foutre ? » En effet, c'est une question très indiscrète. Quoi de plus intime que l'écriture ? Quoi de plus secret ? Celui qui écrit sans tricher livre beaucoup de lui-même. Il est donc légitime et presque défensif de penser : « Quel est donc ce petit voyeur qui veut faire un tour dans ma tête ? », quand un superficiel, fut-il un ami, témoigne du désir de vous « lire ». Lire c'est se balader dans la tête de l'autre, dans son cerveau, dans son imaginaire et ses mots. On n'écrit pas pour les voyeurs. On n'écrit pas pour les ennemis. « Pourquoi devrais-je me dévoiler à toi qui ne m'est rien et qui risque de te servir de ma

Notes

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« Voici deux vérités que les hommes en général n'admettent jamais : l'une qu'ils ne savent rien, l'autre qu'ils ne sont rien. » Giacomo Léopardi. Adepte paisible du vivre et laisser vivre, j'ai pour les réformateurs et fanatiques de toute espèce une antipathie naturelle. A quoi bon dire leur fait à ses baudruches enflées d'elles-même, avides de pouvoir et de domination, d'exercer et de déverser, partout et sur tous, leur violence, leur bile malade. Montrer aux hommes leur néant ? Trop lourde tâche. Et tâche inutile : quel prédicateur entendrait un tel enseignement ? - « Adepte paisible du vivre et laisser vivre... » Qu'est-ce qu'il ne faut pas lire... Tu es d'une mauvaise foi ! Dois-je te rappeler ton passé de harceleur enflammé ? - J'ai été amoureux, j'ai désiré, c'est vrai. Parfois avec passion, rage et démesure, c'est vrai aussi. J'ai toujours trop bu, cela ne m'a guère aidé. Je ne m'en repens pas cependant. Les

La plus belle fille du net

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Instagrameurs : Narcisses de Prisunic se contemplant dans le miroir du Néant. Ils gonflent les pecs, ils bronzent à Ibiza, chemises ouvertes sur leurs torses luisants. Lèvres roses, joues botoxées, anus aux huiles essentielles... - Tu sais Mélanie, je n'arrive pas à comprendre que tu puisses autant t'aimer, te trouver si belle en ton miroir, te satisfaire à ce point (ta fatuité est-elle feinte ?) de ce minuscule rien que tu es. Et pourtant, que je t'aime ma poupée gonflées aux hormones, ma belle poupée Zarbie. Ah, mes nichons-pastèques, ah, mon gouffre sans fond, ah, mon métro aux heures de pointe, ah, mon hall de gare, que je t'aime ! Toi, la sainte salope de ton département, l'accueillante palabreuse, la mère Thérésa du fion. Tu ne me regardes pas, tu montres tes yeux. Et qu'y vois-je se refléter ? Mon portefeuille. Tu es la muse de la misère. Tu es la pute et la maman. La poubelle pour aller tchater. Tu vends tes pets, tu vends ton âme, tu vends ta peau. Tu e

Beau comme Rimbaud

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Fête de la musique, il y a bien des années. Le type sur la scène cite Baudelaire mais attribue la phrase à Arthur Rimbaud. - Ah ça, c'est pas du Rimbaud. - Qui ? - Rimbaud. - C'est qui ? - Arthur Rimbaud. La saison en enfer, les poètes de sept ans, le bateau ivre... - Ah Rimbaud... Attends. Rimbaud, c'est le vieux ? - Le vieux ? - Ah non, le vieux c'est l'autre ! Rimbaud c'est DiCaprio.  Note : Quant à moi, consignant cette nuit ce glorieux souvenir, affalé lourdement sur mon fauteuil, à quatre grammes du matin, je me sens, pour le coup, plus "cul-de-plomb" que "semelles de vent"...

Neuneu

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- Parfois, je me demande si je ne suis pas un peu neuneu. - Tu radotes, Max... - Quand je vois toutes ces préoccupations à mille lieues des petites pensées imbéciles qui peuplent mon quotidien, toutes ces polémiques, toutes ces ambitions, toute cette intelligence déployée, ce besoin d'exister, de briller. Ces complications, ces guerres, ces malheurs, ces tortures... Cette haine maladive surtout, du chacun contre tous, et cette incroyable énergie dépensée pour tuer, pour vaincre, pour dominer, pour asservir... Il semble que tous y prennent un plaisir qui me paraît, à moi, un brin démesuré. - Rien de nouveau là-dedans hélas, mon pauvre Max. - Oui, je l'avoue : tout ce cinéma me surprend encore, me déprime et me fait même un peu peur. Je lui préfère mon imbécillité. Ma simplicité de façon née de cette intuition intime que tout était foutu. Et cela dès l'origine. J'ai fait, assez tôt finalement, le deuil de l'Amour, de la reconnaissance aussi. Simple passant, tant lassé

Hips !

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J'ai dilapidé toute ma richesse intérieure en conversations de bistrot.