Sade

J'avais quatorze ans quand mes parents divorcèrent. Mon père, après avoir raflé mon héritage - argent qui lui servirait, plus tard, à ouvrir un bar PMU dans une petite ville. Affaire qui sombrera bien vite suite à une gestion désastreuse -, se remaqua, et assez rapidement le bougre, avec une femme, beaucoup plus jeune que lui, presqu'une grande soeur pour moi, qui était le portrait craché de la chanteuse Sade. C'est elle qui me la fit découvrir alors - elle était très fière de cette ressemblance. Elle était serveuse dans un bar de quartier où le vieux avait ses habitudes. Je n'ai jamais très bien compris à quoi cela tenait, tellement il était con, mais mon père, dans ses jeunes années, avait beaucoup de succès auprès des femmes. Et pas que des laides !
J'étais amoureux de cette fille, si mince, si belle, si sensuelle, et je jalousais le vieux salopard qui, je le savais moi, ne valait rien.
Elle s'appelait Chafika mais on disait Chaffy. Elle devint ma confidente. Et moi sa peluche à câlins.
Mon père, comme il l'avait déjà fait avec ma mère, la battait. Ses parenthèses, elle les trouvait donc lors de mes quelques brèves visites chez eux.
Je l'aimais comme un petit frère incestueux. Et je la laissais me papouiller, au moment du coucher, avec enchantement.
Je transposais cet amour-là, platonique bien malgré-moi, en maudissant mon âge, sur la chanteuse Sade, dont, il est vrai, elle était le parfait sosie, et qui devint, de par son talent aussi, une des nombreuses amoureuses de ma vie.

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