Le bruit et l'odeur

« L'argent ne fait pas le bonheur. Mais il y contribue. »
Proverbe français.

Quand je vivais en ville, je n'habitais pas les beaux quartiers mais les quartiers « chauds », dits « sensibles ».

Mon parquet grinçait. Mes murs étaient humides, recouverts d'un papier peint à faire vomir les yeux. Je partageais mes toilettes avec une vieille coréenne constipée et ma chambre, ainsi que mes ronflements, si je me fie aux ricanements dans l'ascenseur, avec sa fille, petite adolescente garçonne et sournoise qui aimait faire des bulles de savon à sa fenêtre (en dessous) et une jeune étudiante nymphomane en colocation (au dessus).

Je mangeais asiatique, même fenêtres fermées, quasiment tous les soirs et je participais au karaoké du samedi comme un cousin du pays. Je me sentais victime de la jouissance exubérante de la salope du dessus et je buvais décidément trop.

En bas se trouvaient les bars maghrébins. Ces quartiers-là ne dorment jamais. Leur nuits sont des fêtes orgiaques et bruyantes perpétuelles. Je développais des troubles du sommeil. C'est simple : je ne dormais plus. Mes nerfs étaient à vif. Le moindre éternuement me faisait sursauter. Je redevenais Kafkaïen. En bref, je devenais dingue. Je buvais du soir au matin. Ce fut l'effondrement psychique.

« Il te faut dormir » me répétait mon psychiatre entre deux bâillements.
« Sais-tu que la plupart des désordres mentaux viennent du manque de sommeil ? »

J'étais à bout.

Alors je quittais la ville pour une maison en campagne. Un ami accepta de venir s'y enterrer avec moi. Et me voilà, seul sur terre, ou presque, au bout du bout du monde.

Ai-je enfin trouvé la félicité avec ce calme nouveau ?


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