Sauve qui peut (la vie)


« Ceux qui regardent en arrière, ne voient que de la poussière »
Maxime Le Forestier.

J'ai à peine vécu. Vraiment. J'ai véritablement existé du bout des doigts, en faisant la fine bouche. La vie m'a toujours dégouté. Le tumulte de l'existence, la grande soupe, absolument écoeurante, du Cosmos, les actions et incarnations diverses, vécues comme des compromissions, des esclavages, des salissures... Tout cela n'a jamais été pour moi.

Alors, je buvais. Car j'avais quand même besoin d'un peu de peau. D'épiderme, de lèvres, de regards. Tout le monde a besoin d'être, ne serait-ce qu'un tout petit peu, et même du bout du gland, « aimé ». L'alcool me permettait cela, il était mon armure, mon rempart. Tout devient toujours un peu « irréel » quand on est saoul. Je sortais alors de ma tanière et j'allais, à pas de loup, « dans le monde ». Et le pire tant qu'à faire, celui des bars de nuits.

« Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles. À certaines heures pâles de la nuit. Près d'une machine à sous. Avec des problèmes d'hommes, simplement des problèmes de mélancolie. »
Léo Ferré.

C'était ma façon à moi de ne pas être trop seul sur terre. De toucher quelques corps, pour me rappeler ce paradis perdu que je n'aurais jamais vraiment tout à fait connu. J'aurais voulu passer ma vie collé au ventre lisse de mes jeunes amants. J'aurais aimé que rien ne pose problème, que tout soit facile. Mais non.

Quand je repense à ma vie, j'ai le sentiment d'un foutoir pas possible. D'une partouze gigantesque. Mes oreilles bourdonnent. Il y a de la friture sur la ligne. Je me surprend même, parfois, à siffloter pour ne pas laisser entrer, rempli d'effroi, mes souvenirs.

Et pourtant, j'ai si peu vécu...


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ouverture

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage

Wouaf !