Le fils de ma mère

« Un bon élève dans une mauvaise classe » s'était amusé mon professeur.

- Je vais t'en foutre de la mauvaise classe, connard...

Ma mère était furax sur le chemin du retour. Elle avait compris le calembour. Elle se ruinait pour me payer cette boite à bac désespérante dirigée par des escrocs. Mais elle savait que j'avais besoin de lui, alors elle laissait faire et ravalait sa colère, son orgueil. Digérait, tant bien que mal, ce mépris de classe que, jeune idiot sous influence, je rapportais à la maison. Elle, de son coté, refaisait sa vie. Enfin libérée de son geôlier - mon père -, elle réapprenait le rire, l'insouciance.
J'étais seul. Totalement livré à moi-même. Je passais mes nuits en ville, chez divers jeunes amis, trouvés en boite de nuit. Je séchais tous les cours, sauf un, bien sûr. Celui de mon entêtement, de mon acharnement, de ma défaite. La dérive devint ma seule boussole et la déglingue mon art de vivre.
Pauvre gamin va... je me souviens de toi, tu sais ? de ta détresse, de ton désarroi, de ta solitude. Quelquefois, je me demande si je n'écris pas ce journal juste pour te retrouver, pour t'aimer un peu, pour te venger.


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