« Si je n’étais pas au fond un homme extrêmement laborieux, comment aurais-je eu l’idée d’inventer des éloges et des théories sur l’oisiveté ? Les oisifs-nés, ceux qui ont le génie de l’inaction, ne font jamais ce genre de choses. » (Hermann Hesse) Est-il vraiment possible de ne rien faire du tout ? J'en suis personnellement tout à fait incapable. J'avais fièrement fait mienne la phrase de Cioran : Zut, je ne la retrouve pas... C'était un truc du genre : "Il n'y a qu'une pute sans clients pour en faire moins que moi"... Mais Montherlant avait raison quand il écrit : "Tout homme sérieux, arrivant sur son déclin, se dit avant tout qu'il a trop agi, - et je souligne : même s'il n'a fait que lever le petit doigt ." J'ai toujours eu "l'agir" en horreur. Les romans, les vies, les oeuvres, toutes ces compromissions, ces passions, ces ambitions, ces carrières, ces amants dans le placard, toute cette orgie répugnante, je l
A vingt ans, je connaissais déjà ma vocation : en finir. Mais j'avais encore cette énergie de la jeunesse. Je décidais un jour de « partir pour Paris ». Je ne connaissais pas la ville lumière, alors, comme ça, n'ayant rien d'autre à foutre (l'ANPE pouvait bien aller se faire voir) je m'organisais une petite semaine. Plus tôt, pour 300 francs, je m'étais fait enregistrer une cassette audio déplorable par un guitariste de restaurant, trouvé dans un journal local, qui me prenait pour une dinde, et où je chantais d'une façon catastrophique du Allain Leprest. L'enregistrement, vraiment, était inaudible, pourtant, une jeune amie de l'époque, une rougeaude au visage de pomme, à qui je l'avais orgueilleusement fait écouter me dit : « On dirait du Léo Ferré ». Curieusement, la basse lourde qui m'accompagnait - qui sentait la digestion et la flatulence - que le bonhomme au cheveux gras m'avait imposé et que je détestais alors sans oser moufter, me
Je suis d'une fidélité à toute épreuve. J'ai l'amitié tenace, solide, psychopathe ! J'ai du mal à oublier, à faire le deuil, je n'aime pas voir mourir l'amour. Quand un ami s'en va, je l'attends, immobile, des nuits durant, dans des lieux de rendez-vous imaginaires. Je ne suis pas du tout quelqu'un de « libre », de « détaché », un « libertin », tout ça. Je suis, au contraire, un « attaché » maladif. Faire durer « l'instant magique d'une rencontre », « retenir la nuit », aura été le but de ma vie. Je n'y suis jamais parvenu bien sûr, mais je ne désespère pas. Faut-il être bête et borné ? Bien sûr, quand l'Autre devient trop indifférent, trop absent, voire antipathique, je me résigne. Mais je mets longtemps. Très longtemps. Très très longtemps. J'aurais fait un excellent chien...
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