Golf Team

Cher maître,

Je voulais rebondir sur votre propos concernant...

Non, je déconne.

Vous m'avez fait rire, l'autre jour, en raillant le mot « rebondir » qu'un péquin vous adressait et qui, moi aussi, me fait « bondir » !
Ce mot infâme est aussi utilisé dans un autre domaine : les stages de formations pour anarchistes récalcitrants et rétifs à toute forme « d'insertion », auxquels j'ai dû assister dans ma jeunesse insubordonnée et rebelle.
Le formateur, lecteur à bouclette d'Albert Jaquard et « queutard » notoire, nous enjoignait à « rebondir ». Il en avait plein la bouche, le bougre, de son rebond. Après tout, qu'importait que notre parcours scolaire et professionnel fut jusque-là un chaos sans nom ? « Aujourd'hui n'était-il pas le premier jour du reste de notre vie ? » « Ensemble » n'était-il pas tout ? »
Avec un copain, tout aussi rosse que moi, nous ricanions avec malice : « On va te rebondir dans la gueule, nous, tu vas voir... »

Ah, pour sûr, ma voie n'était pas celle de l'intégration. Je repense à ce rendez-vous qui m'était donné plus tard par l'agence nationale pour l'emploi. Dans une petite pièce grise, nue et humide, trois chômeuses qui n'avaient pas croisé de coiffeurs ni de crème hydratante depuis au moins dix ans, moi, et un jeune africain goguenard qui ne parlait pas un mot de Français. Celui-ci, je ne sais pourquoi, m'avait pris en sympathie et me faisait des clins d'oeil complices. Je lui prêtais un stylo et une feuille de papier. L'intervenant, censé nous apprendre à rédiger un curriculum vitae, suivie de sa lettre de motivation, nous informa, très judicieusement, que la majorité des contacts professionnels sur notre ville se faisaient sur le terrain de Golf. Je notais sur ma feuille de papier, en faisant signe à l'africain de faire de même, cette information fort utile : « Se mettre au Golf. »

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