Celui que j'appelle « mon professeur », et qui le fut, qui fut également la rencontre la plus marquante de mon adolescence, me haïssait. Il haïssait surtout ma dégaine. Je n'ai jamais su me saper. Je m'en fichais totalement. L'as de pique, oui c'était bien moi. Un jour, alors que nous marchions ensemble, mon prof, un camarade et moi - nous étudions à ce moment-là « Madame Bovary » et nous en causions sur le chemin -, je tournais la tête vers une vitrine pour « admirer ma mise », désastreuse bien évidemment. Il le remarqua et, se tournant vers mon ami, ricana : « Emmaüs... » Bref ! Il ne pouvait pas m'encadrer. Moi je l'admirais, je l'adorais, je le collais, je le harcelais. Il n'en pouvait plus. Aucune occasion ne lui manquait pour qu'il ne démontrât devant toute l'étude et avec, il faut bien le dire, maestria ma bêtise crasse. J'étais l'idiot, le con, le laid, le « charbovary », le bouc émissaire de la classe - et de tout l'unive