Adolescent, il m'arrivait de passer mes étés chez mes cousins. L'ainé possédait quelques revues "Fluide Glacial". Une après-midi torride où je me cachais du soleil, j'en ouvrit une. Je tombais sur une histoire farfelue intitulée "Les aventures extra-conjugales de Monique Chaudasse." L'hilarité intérieure que provoquèrent ces mots en moi n'est toujours pas éteinte. Le type qui a pondu un tel titre avait du génie.

"Je trouve vraiment scandaleux qu'ils aient déplacé "les feux de l'amour" du début d'après-midi au matin. Ils ont fichu ma sieste en l'air. Je pense que cela mériterait bien une pétition ou une grève générale. Hélas, tout le monde se fiche des problèmes de vieilles comme moi. Ils préfèrent aller voter pour les autres zouaves." Renée.

« Les voyages forment la jeunesse » Montaigne. Je déteste les voyages. Je les ai toujours eu en horreur. Mais jeune, je me forçais un peu. Il y avait peut-être quelque chose à voir « ailleurs » ? Mais non. Partout où je suis allé je n'ai jamais rien trouvé que moi. Moi, moi et toujours moi. Ma tête, je l'emmenais partout. Elle ne me quittait jamais. Le ciel de Paris était-il si différent du ciel de Mulhouse ? Traîner près de la Seine était-ce plus joyeux qu'en bord de Garonne ? Que l'on s'adressa à mon portefeuille ou à mon cul en portugais, chinois, américain ou hollandais, était-il plus gratifiant, exotique, qu'en bon français du coin de la rue ? Non. Il ne me semblait pas. Le clair de lune à Maubeuge me semblait surfait. Les eaux turquoises des iles lointaines d'un ennui mortel. Beaucoup sont revenus de Syracuse. Déçus. N'auraient-ils pas mieux fait de rester dans leur chambre à en rêver ? Un « rêve d'amour » n'est-il pas toujours plus beau, p